L'artisan, un gérant comme les autres ?

Peut-on se spécialiser en communication des artisans ? Je ne crois pas. Je n'aime pas vraiment les cases, les spécialités, surtout en communication. Pourquoi ? Parce qu'en communication, les principes de base sont les mêmes, quel que soit l'entreprise, que l'on vende des stylos, des maisons, des massages. Pour faire court, il s'agit d'identifier clairement sa cible, de s'y adapter tout en définissant sa différence, son unicité face à la concurrence.

Pendant ces 5 dernières années, j'ai appliqué les mêmes principes de la communication auprès d'artisans et d'autres types d'entreprises sans faire de différence. 
Mais s'il y a une singularité avec les artisans et une spécialité que l'on peut développer, elle est davantage dans la relation avec le client, le gérant : l'artisan lui-même.
(Je vais forcément faire des généralités, elles ne sont que le fruit de ma propre expérience, des rencontres que j'ai pu faire. Mais je ne doute pas que nombre d'artisans se reconnaîtront.)
Quand je raconte que certains de mes clients sont des artisans, des maçons, menuisiers, etc, je lis toujours un certain étonnement et une curiosité. Et oui, l'artisan n'est pas juste un technicien les mains dans le cambouis, il est aussi un gérant d'entreprise au contact direct de la clientèle et bien au fait de ce qui marche ou ce qui ne marche pas, de ce que ses clients attendent ou pas.

Profil 
L'artisan a une connaissance parfaite de son métier et c'est là qu'il exprime tout son talent. Il travaille avec passion, sans compter ses heures. Un conjoint, un fils, un frère, une mère, … il y a souvent un proche embarqué dans l'aventure. L'artisanat, c'est souvent une histoire de famille. Il est fier de ce qu'il fait.
Il connait ses clients par cœur. C'est lui qui les démarche, qui les rencontre, qui leur répond au téléphone à 20h30. C'est lui qui se rend à leur domicile, rentre dans leur intimité, leur projet de vie, leur rêve. C'est lui qui est présent à la première réunion de chantier, et la seconde, et toutes les autres jusqu'à la livraison.
Il gère tout, il sait tout ce qu'il se passe dans son entreprise et il manque parfois d'organisation. 
En réalité, c'est de temps surtout qu'il manque.
Il sait que la communication est importante (même si le carnet de commande est rempli et même si « avant on n'avait pas besoin de ça »). Il sait qu'être sur internet est primordial, même si il déteste passer du temps derrière un ordinateur. Il sait reconnaître un encart publicitaire raté qui a coûté bien trop cher, même si il n'a pas eu le temps de s'en occuper.

Alors comment on communique lorsqu'on est artisan ? (généralités encore)
Et bien on communique pas mal sur les pages jaunes (même si on n'est pas convaincu, même si on sent bien que le commercial en rajoute une couche chaque année).
On communique dans les journaux gratuits aussi, les annuaires de village, … En fait, l'artisan est un peu la cible idéale des « vendeurs de réclame » et souvent, il se laisse convaincre parce que « on ne sait pas ce qui peut se passer demain » et « le commercial a fait une super reduc' alors j'ai souscris pour une année ».
Résultat, beaucoup d'argent investi, peu de retours et ce sentiment que la pub ça ne sert à rien.

Comment j'ai développé une approche différente ?

J'ai rapidement fait le constat que l'artisan n'a pas besoin d'un site internet, ou d'un dépliant, ou d'un encart publicitaire. Il n'a pas besoin d'un nouveau logo. 
Il a besoin de partir sur le chantier le matin en se concentrant sur son client, sur sa journée, son équipe et la multitude d'imprévus à laquelle il va devoir faire face. C'est ça son quotidien.

Je retiendrais 2 points clés :
1- Expliquer
Si l'artisan n'a pas le temps de tout gérer, il a l'envie de tout savoir. Et c'est bien normal.
Expliquer, c'est mettre des mots simples sur ce que l'on va mettre en place.
C'est un technicien avant tout, et comme tout technicien il comprend vite, il a cette logique et je n'ai pas besoin de l'impressionner avec un vocabulaire du marketing ou des grands intitulés qui donnent l'air intelligent.

2 – S'adapter
Chaque client est différent. Mais dans mon travail auprès d'artisans, l'adaptation est primordiale.
S'adapter c'est savoir qu'un tel ne lira pas ses mails avant samedi prochain et qu'il ne répond jamais à son portable mais qu'un sms clair et concis, ça, ça lui convient et il peut y répondre rapidement.
S'adapter c'est être à l'écoute de l'organisation interne du client, de comment il fonctionne avec son équipe, et qui peuvent être mes interlocuteurs.
S'adapter c'est travailler sur une maquette un dimanche parce que tout doit partir à l'imprimeur le lendemain et qu'il avait oublié de nous prévenir.
S'adapter c'est aussi configurer l'accès à une page facebook sur un iphone et toutes ces petites choses qui ne figurent pas dans le contrat mais qui feront pour lui la différence.

J'ai beaucoup de plaisir à travailler avec les artisans parce que ce sont de vrais passionnés, parce que valoriser leur travail est souvent facile lorsque le talent parle de lui-même.